Relations entre collègues : parler salaire et politique au travail, toujours un tabou ?

Hellowork, la plateforme française leader de l’emploi et du recrutement, s’est intéressée aux relations entre collaborateurs au sein de l’entreprise. Hellowork a synthétisé les réponses apportées par 1 072 répondants et les a comparées aux réponses d’une précédente étude réalisée en 2019.
Le collègue idéal est-il franc ou plutôt diplomate ? Les conversations sur le salaire sont-elles toujours taboues au bureau ? Quelle place prennent les collègues dans la vie privée ? Tour d’horizon des relations professionnelles en 2024.
Salaire, politique, religion… Les langues se délient
Le tabou du salaire en entreprise semble s’estomper. Une majorité de salariés n’hésite plus à parler rémunération. En 2024, 54% des répondants déclarent être à l’aise pour parler de leur salaire, un chiffre en nette progression par rapport à 2019, où ils n’étaient que 17% dans ce cas. L’érosion progressive de ce tabou peut être lié au contexte législatif, qui oblige progressivement les entreprises à être plus transparentes en matière de salaire. La culture d’entreprise évolue également : les salariés sont de plus en plus enclins à poser des questions sur les salaires et à partager ces informations avec leurs collègues.
Malgré un contexte politique en France particulièrement mouvementé ces derniers mois, les discussions autour de ces sujets restent délicates. En 2024, 55% des salariés préfèrent éviter ce sujet, tandis que 45% sont prêts à en parler. En comparaison, en 2019, 61% des employés évitaient ces discussions, montrant une réduction de 6 points de cette réticence. Si ce chiffre reflète une légère libération des échanges autour de ces sujets en entreprise, le tabou n’est pas encore levé.
Les discussions sur la religion suivent une dynamique similaire. Aujourd’hui, 53% des salariés ne se sentent pas à l’aise pour parler de leurs croyances, contre 58% en 2019. Cette baisse de 5 points indique une ouverture progressive, bien que le sujet demeure sensible pour une majorité.
Le collègue idéal : l’honnêteté prime
Une écrasante majorité, soit 83% des répondants, préfère travailler avec un collègue compétent même en l’absence d’affinités. Seuls 17% privilégient les liens de proximité avec un collègue moins compétent. Cette statistique souligne l’importance accordée à la compétence professionnelle dans l’environnement de travail, plutôt que l’affect.
Pour autant, il faut se dire les choses : 72% des répondants préfèrent une communication directe et spontanée, contre 28% qui optent pour une approche diplomate et nuancée. Sur 8 qualités différentes, l’honnêteté est d’ailleurs la qualité la plus valorisée, avec 34% la plaçant en tête. D’ailleurs, 69% des salariés préfèrent recevoir des retours réguliers et spontanés de la part de leurs collègues plutôt que des retours seulement quand ils les demandent : le feedback est essentiel. À l’inverse, l’ouverture d’esprit semble être moins importante, se retrouvant en dernière position pour 44% des répondants.
Un fossé grandissant entre vie professionnelle et vie personnelle
L’entente avec les collègues est cruciale pour l’épanouissement personnel de près de 90% des répondants. Pour 54%, cette qualité de relation est même très significative, tandis que 35% la jugent assez importante. Seulement 10% des sondés considèrent que l’entente avec leurs collègues est peu ou pas importante.
Bien que les afterworks demeurent populaires, appréciés par 62% des salariés, les répondants ne vont pas plus loin et gardent leurs relations professionnelles à distance dans le cadre des loisirs. Preuve en est, 57% des répondants ne voient jamais leurs collègues en dehors du travail pour des activités. Pour ceux qui aiment passer du temps ensemble en dehors du bureau pour des activités de loisirs (43%), ils sont 37% à se voir au moins une fois par mois, 21% une fois par trimestre et 17% une fois par semaine.
Sur les réseaux sociaux, la tendance est également à la distance. Environ 54% des répondants n’ajoutent pas leurs collègues sur les réseaux sociaux, et cette réserve est encore plus marquée envers les managers, que 81% des employés n’ajoutent pas. Cette séparation entre vie professionnelle et personnelle est également visible dans les discussions au bureau, où 60% des salariés ne sont pas à l’aise pour parler de leur vie privée, un chiffre en augmentation par rapport à 2019, où ils étaient 46% à partager ce sentiment.
Le lieu de travail reste tout de même un endroit propice aux rencontres. En 2024, 18% des répondants ont déjà vécu une relation amoureuse au travail, un chiffre stable par rapport à 2019 (20%). Par ailleurs, 60% des salariés déclarent y avoir rencontré un ami très proche, ce qui montre que, malgré la tendance générale à séparer vie professionnelle et personnelle, le bureau peut être un lieu de belles rencontres.
##
*Enquête réalisée du 9 au 19 juillet 2024 auprès de 1072 personnes en poste dont les réponses ont été comparées à celles de 1057 personnes en poste interrogées du 8 juillet au 7 août 2019.