La période des négociations annuelles s’ouvre dans un contexte singulier : inflation, pénurie de candidats, « grande rotation »… Candidats, salariés, équipes RH : qu’en est-il des négociations salariales ? Les attentes et pratiques ont-elles évolué ? La plateforme de recrutement HelloWork s’est plongée dans le sujet hot du moment :
En 2023, les attentes des salariés dépassent largement les prévisions d’augmentation des professionnels RH
66% des personnes interrogées annoncent qu’elles vont demander une augmentation en 2023. Pour convaincre leur interlocuteur, plusieurs arguments seront mis en avant : les réussites de l’année écoulée (75%), l’inflation et l’augmentation du coût de la vie (54%), ou de nouvelles missions (51%). Une augmentation qui sera cette fois plus importante que les années précédentes pour la majorité des salariés avec seuls 28% d’entre eux prêts à se contenter d’une augmentation d’un niveau équivalent aux niveaux précédents.
Du point de vue des entreprises, elles sont 39% à vouloir augmenter les salaires de manière collective quand 49% le feront de façon individuelle. Seules 12% ne prévoient donc pas de revalorisation. L’enveloppe globale prévue pour les augmentations s’annonce “beaucoup plus élevée que d’habitude” pour seulement 10% des entreprises et “un peu plus élevée” pour 38%. Pour l’autre moitié des entreprises, l’enveloppe va rester la même pour 45%, voire baisser pour 7% d’entre elles.
Cette année, le niveau des attentes et les moyens pour y répondre souffrent donc d’un décalage important : le pourcentage médian d’augmentation demandé par les salariés s’élève à 6% quand celui envisagé côté entreprises plafonne à 3%. Conséquence : Près de 9 salariés sur 10 envisagent de chercher un emploi ailleurs si leur augmentation est refusée ou inférieure à leurs attentes. Seuls 5% des recruteurs sont prêts à accorder à leurs salariés une revalorisation de 8% et plus, quand 43% des salariés comptent demander une augmentation de 8% et plus.
Avant l’embauche – Des salariés plus que déterminés à négocier
Les recruteurs continuent à avoir la main sur le sujet du salaire : 93% d’entre eux disent être les premiers à évoquer la question de la rémunération lors du processus de recrutement. Côté candidats, seuls 28% estiment faire le premier pas.
Loin d’être un sujet tabou, 8 recruteurs sur 10 sont prêts à entamer une négociation salariale si leur proposition ne répond pas aux attentes du candidat. Pour les candidats, si le salaire associé à l’offre d’emploi est inférieur à leurs attentes, 62% postulent quand même pour négocier plus tard.
Si la négociation n’aboutit pas à une entente, 34% des candidats mettent directement fin au processus de recrutement tandis que 45% acceptent l’offre en gardant en tête la volonté de négocier plus tard – seuls 17% finissent par tout simplement accepter le salaire proposé. A travers cette enquête, HelloWork constate un changement dans le comportement des Français. En effet, lors de la précédente édition de l’enquête en 2016, les candidats étaient bien plus timides à l’idée de mettre fin au processus : seuls 15% envisageaient cette possibilité, tandis que 55% souhaitaient négocier plus tard et 30% finissaient par accepter le salaire proposé.
Le salaire n’est cependant pas le seul critère à peser dans la balance : près de 9 candidats sur 10 se disent prêts à accepter un salaire inférieur à celui qu’ils visaient si d’autres avantages – notamment financiers – entrent dans le package :
- 82% des sondés citent la prime de participation/intéressement
- 65% les tickets restaurant
- et 58% la mutuelle avantageuse.
Les avantages liés à l’équilibre entre la vie privée et la vie professionnelle n’arrivent que plus loin avec le nombre de congés et de RTT (61%), la semaine de 4 jours (52%) ou encore le télétravail (44%).
Une fois en poste – Les salariés se tournent vers la revalorisation
Alors que 44% des salariés en poste ont négocié leur salaire lors du recrutement, plus de la moitié estime l’avoir mal fait (“plutôt mal négocié” à 39% et “pas du tout bien négocié” à 12%). Quand on leur demande de se situer par rapport au marché, ils sont seulement 15% à estimer être bien payés.
C’est une des raisons pour lesquelles les négociations salariales en poste sont fréquentes. Elles ont lieu au moins une fois par an pour 68% des entreprises, le plus souvent à l’occasion de l’entretien de fin d’année. En effet, l’entretien annuel reste le moment privilégié pour le faire pour plus de la moitié des professionnels RH interrogés. Pour près d’un salarié sur deux (46%), la négociation se fait sur la base d’une fourchette qu’il transmet à son interlocuteur, tandis que 22% demandent une augmentation en pourcentage et 32% attendent qu’on leur fasse une proposition.